Cet ouvrage analyse l’implantation en Suisse, au cours des années 1990 et 2000, enprovenance de l’Union européenne, du dispositif des Appellations d’origine contrôlées(AOC) et Indications géographiques protégées (IGP). A l’époque où l’agriculture suisseentame une profonde libéralisation, ce dispositif de propriété intellectuelle offre denouvelles régulations pour les productions agro-alimentaires traditionnelles comme leGruyère ou l’Emmentaler.L’exploration de la genèse de ce dispositif se fait ici sous l’angle des processus politiqueset administratifs. L’auteur montre comment une problématique technique estpolitisée et institutionnalisée, et comment le dispositif qui en résulte permet l’émergencede nouveaux pouvoirs.A partir de ce cas emblématique, l’ouvrage entend aussi apporter un éclairage originalsur les débats scientifiques contemporains relatifs à l’analyse de l’action publique.Il réévalue les éléments centraux de l’approche dite «par les référentiels », inauguréedans les années 1990 par Bruno Jobert et Pierre Muller. Alors que la gouvernance soupled’un Etat moins sûr de sa force semble avoir supplanté les processus traditionnelsde gouvernement, l’auteur montre que le sens et les institutions restent pourtant aucoeur de la construction des politiques publiques. Plus que jamais, la prise de parole estprise de pouvoir.